Parmi les gens... "normaux" (pv Alice)

Une nouvelle ville... je regardais sans les voir les gens qui marchaient autour de moi. C'était vraiment ici que j'allais tout recommencer ? C'était le soir et le soleil commençait à se coucher. Depuis combien de temps est ce que j'étais assise sur ce muret ? Je me souvenais être partie de l'académie pour voir un peu les environs de l'endroit où j'allais vivre désormais. Le soleil était encore haut quand j'avais traversé les grandes rues de la ville. Le décors était plutôt banal. Des bâtiments normaux avec des gens normaux... toute cette normalité c'était presque écoeurant. Est ce qu'ils se doutaient seulement de l’existence de personnes différentes ? Comment réagiraient-ils en l'apprenant ? Je le savais. La peur, le rejet. Ce n'était pas pour rien qu'ils restaient entre eux. Qui voudrait être chassé comme un monstre, observé comme une bête étrange ou vénéré comme un dieu ? Si des personnes comme ça existaient c'est surement qu'elles ne savaient pas se que s'était. Moi je ne voulais pas de ça. Ni vénération, ni peur, ni haine. Je préférais presque les regards indifférents qu'avaient eu quelques passants à mon égard quand j'étais arrivée sur la grande place. Un espace immense bondé de monde qui bavardaient, riaient, se pressaient. Toute une effervescence de vie qui m'ignorait totalement. Comme c'était agréable.

Je m'étais alors assise sur ce muret, après avoir retiré la fine pellicule de neige qui le recouvrait. J'avais fait attention à ne pas froisser ma jupe bleue et avais resserrée mon écharpe autour de mon cou. Alors, j'avais commencé à regarder la neige fondre sous les rayons du soleil en prenant garde de ne pas croiser le regard de quelqu'un. Pas question d'avoir une vision maintenant et le moindre contact était risqué. Je jetais un regard à mes mains cachées sous de fins gants de laine beige. Oui, aujourd'hui, au milieu de tous ces gens je voulais être normale, comme eux. Juste un instant. Mais assise au milieu de cette foule j'avais l'impression d'être dans un autre monde. Tous ces gens se voyaient, échangeaient, s'occupaient. Et moi j'étais là, assise, seule. Ne cherchant pas le contact. Un autre monde. Peut-être celui que j'avais rejoint en entrant dans cette académie. Peut-être celui qui me correspondait. Je verrais ça avec le temps mais pour l'instant je n'avais pas encore eu de réel contact avec mes "camarades".

J'étais donc là à penser à tout ça. C'était simple pourtant je n'aurais eu qu'à me déclencher une vision ou à utiliser une quelconque méthode de voyance pour savoir si j'étais sur la bonne voie mais je préférais laisser la place au destin. Je voulais découvrir par moi même se qui adviendrait. Sans tricher. Je laissais donc battre mes jambes dans le vide, les talons frappant contre les pierres en rythme. C'était rare que je sois aussi calme. Peut être la perspective d'une nouvelle vie m'amenait à réfléchir. Toujours est-il que quand je sortis enfin de ma rêverie le ciel était sombre et la place quasi-déserte. La neige semblait avoir disparut mais le froid lui était plus grand. Je regardais le ciel. Je n'avais pas envi de rentrer. J'allais finalement me lever quand j'entendis un bruit de pas. Aussitôt, j'eu une certitude. Cette personne, je devais lui parler, la rencontrer. C'était mon destin. Je me retournais donc pour voir cette personne avec un air agacé. Fichu don je ne pouvais pas être tranquille voilà que le moindre son me le provoquait. Alors quoi pour me sentir normal il faudrait que je m'enferme dans un endroit vide et totalement isolé ? Pas sur que je m'y sente normale...